Contre la discrimination de certaines personnes réfugiées
Carte blanche / Discriminations de certaines personnes réfugiées en Ukraine, ce que cela dit de notre propre gestion des personnes en migration !
Des centaines de milliers d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens fuient leur pays. De nombreux pays les accueillent à bras ouverts, et tant mieux. Mais une drôle de distinction apparaît, selon Jean Kitenge : les personnes réfugiées acceptables, et celles qui – implicitement – le seraient moins.
Suite à l’escalade et à l’assaut des russes en Ukraine, de nombreux Ukrainiennes et Ukrainiens ont décidé de quitter le pays. Pour ceux qui doutaient donc encore, en effet, la migration n’a jamais été un quelconque caprice pour une extrême majorité de personnes. Mais bien une question de survie où des individus et familles – qui pourtant aiment leur pays – font le choix difficile de quitter leur foyer.
En Irak, en Syrie ou au République démocratique du Congo, le récit est le même. Pour des raisons découlant de l’ingérence d’autres puissances, et l’abandon de leur propre gouvernement, ils finissent par prendre la route dans l’espoir de jours heureux… Pour eux.. ou leurs enfants.
C’est alors que nous entendons dans quelques chaînes de télévisions françaises, des chroniqueurs intervenant pour saluer la migration ukrainienne tout en prenant soin de l’instrumentaliser pour la distinguer de cette autre « immigration » qu’ils ne définissent pas. Cette migration ukrainienne serait, elle, de « qualité », « intellectuelle » et enrichissante. Ce qui est certainement vrai, j’en suis certain. Mais pourquoi donc le dire en opposition à une autre immigration ? Qu’elle soit africaine ou asiatique, ne serait-ce pas aussi le cas ? Le débat français a pu démontrer ô combien il est pollué par une radicalisation. La sociologue Sarah Mazouz définissait la racialisation comme « des logiques de production des hiérarchies raciales » avec donc, ici, implicitement décrit par nos chroniqueurs du dimanche : des (essentiellement) bonnes personnes en migration et des (essentiellement) mauvaises… Inquiétant.
Toutefois, revenons au vif du sujet. Des images ont pu montrer les maltraitances auxquelles font face des étudiants africains qui tentent de fuir le territoire comme le reste des Ukrainiennes et Ukrainiens. Ces images sont choquantes et ces événements doivent être dénoncés. Cela n’empêchera pas de dénoncer, dans un même temps, l’ingérence russe. Ceci dit, dénoncer induit aussi, pour le dénonciateur, à faire de l’introspection. Notre propre gestion des personnes en migration est-elle sans reproche ? Nous n’avons toujours pas, à l’échelle européenne, une politique autour de la migration qui serait win-win pour toutes les parties et à cela s’ajoute, comme dit plus haut, une radicalisation du discours.
Nous avons, en Belgique et en Europe, le devoir de trouver une solution à la crise migratoire qui ne manquera pas de se produire, conséquence des crises climatiques. Cela ne signifie pas fermer des portes, ni les ouvrir de façon irrationnelle. La solution se trouvera en mettant autour de la table l’ensemble du monde afin d’aborder la problématique dans son fond.
Pour cela, on devra avoir pour leitmotiv le win-win. Définir les intérêts de nos nations tout en assurant à la personne qui trouvera refuge chez nous qu’elle profitera du même bien-être qu’un autre Belge. Une véritable politique d’accueil permettant à notre économie de pourvoir à des postes en pénurie et à notre nouveau compatriote de bénéficier d’une meilleure qualité de vie. J’insiste sur le mot « accueil » car, selon moi, le fait de dormir à la Gare du Nord ou encore le sort actuel des sans papiers n’est aucunement ce qu’on peut considérer comme un accueil. Il en va de la grandeur de notre pays que d’accueillir dignement tout être humain.
On ne doit jamais accepter que le hasard de la naissance dicte la souffrance d’une partie des Hommes sous l’indifférence totale des autres.
Jean Kitenge,
Président DéFI Jeunes