1. Score historique pour l’extrême droite

Ce dimanche, les élections en Allemagne de 2025 ont été marquées par la montée de l’extrême droite qui réalise son meilleur score depuis 1933, ravivant des souvenirs d’une période sombre de l’histoire. Avec ce résultat, le parti AfD (Alternative für Deutschland) se hisse à la deuxième place, juste derrière la Droite Conservatrice de la CDU.

Friedrich Merz, leader de la formation CDU-CSU et ancien homme d’affaires (notamment chez AXA et BlackRock), se pose désormais en prétendant sérieux au poste de chancelier. Opposant de longue date à Angela Merkel, dont il jugeait la politique trop progressiste, Merz reprend la tête de la CDU en 2022 et y impose une ligne nettement plus conservatrice. Ce retour en force marque une rupture après des années passées en retrait de la scène politique.

Ensemble, l’Extrême Droite et la Droite Conservatrice cumulent 49,32 % des suffrages ; Merz a toutefois annoncé ne pas avoir l’intention de briser le “Brandmauer” (littéralement le “mur pare-feu”), équivalent de notre cordon sanitaire en Belgique.

Image : Bundeswahlleiterin. Federal Returning Officer – Official Election Results & Information. Disponible sur : https://www.bundeswahlleiterin.de/en/bundeswahlleiter.html. Consulté le 25/02/2025

  1. Crise politique et chute du gouvernement Scholz

Ces élections législatives surviennent dans un climat politique particulièrement instable.

La coalition gouvernementale, formée en octobre 2021 sous la direction du chancelier Olaf Scholz, rassemblait les sociaux-démocrates du SPD, les Verts de GRÜNE et les libéraux-démocrates du FDP. Déjà fragile, elle s’effondre le 6 novembre 2024, à la suite du renvoi du Ministre des Finances et chef du FDP, Christian Lindner.

Cette éviction découle de profondes divergences sur la politique budgétaire et économique. Le gouvernement peinait à s’entendre sur des mesures clés, notamment sur la nécessité de réaliser 12,5 milliards d’économies sans recourir à une hausse des impôts. Les tensions internes croissantes entre les partenaires de coalition ont finalement mené à la rupture. Face à cette impasse, Olaf Scholz provoque la chute de son propre gouvernement.

Le 16 décembre 2024, sa motion de confiance est rejetée par le Bundestag, plongeant l’Allemagne dans une crise politique inédite et ouvrant la voie à des élections anticipées dans un climat de plus en plus polarisé.

Après le renvoi du Ministre des Finances (FDP : libéraux-démocrates) et l’échec de sa motion de confiance, Olaf Scholz (SPD : Sociaux-démocrates) est poussé vers des élections anticipées dans un climat politique tendu avec la montée de l'extrême droite.

  1.  L’AfD : un parti ultra-radical et controversé

    –> La montée de l’extrême droite en Allemagne

L’Alternative pour l’Allemagne (AfD) se distingue par une radicalité plus prononcée que des partis comme le Rassemblement National (RN) ou Reconquête! en France.
Fondée en 2013, l’AfD fait ses premiers pas en politique en s’opposant aux politiques de la zone euro. Au fil des années, le parti se radicalise, adoptant une ligne de plus en plus nationaliste et fermement hostile à l’immigration.

Direction et structure :
  • L’AfD est dirigée par une co-présidence, actuellement assurée par Alice Weidel et Tino Chrupalla.
  • Elle est structurée en une fédération de 16 sections régionales.

Elon Musk en gros plan lors d'une visioconférence, apparaissant sur un grand écran, au milieu d'un rassemblement politique de l'AfD. L'image montre Musk s'adressant aux membres du parti, avec des drapeaux de l'AfD en arrière-plan.

Soutiens internationaux notables :
  • Elon Musk, PDG de Tesla et SpaceX, a publiquement félicité Alice Weidel pour les avancées électorales de l’AfD, suscitant des débats sur l’ingérence étrangère dans la politique allemande.
  • Le vice-président américain J.D. Vance a rencontré Alice Weidel lors de la Conférence de Munich sur la sécurité en février 2025, renforçant les liens entre l’AfD et certains cercles politiques américains.
Ingérence russe :
  • Des enquêtes ont révélé l’existence de sites web propageant de fausses informations en allemand, générés depuis la Russie, visant à polariser davantage la scène politique allemande.
  • Cette diffusion de désinformation a été une source de préoccupations concernant l’influence étrangère sur les élections en Allemagne.
Rupture avec le Rassemblement National (RN) :
  • Mai 2024 : Le RN annonce la rupture de ses liens avec l’AfD au sein du groupe Identité et Démocratie (ID) du Parlement européen.
  • Cette décision fait suite aux propos controversés de Maximilian Krah, tête de liste de l’AfD, qui a affirmé que les membres des SS n’étaient pas « forcément des criminels ».
  • En conséquence, le RN a annoncé qu’il ne siégera plus avec l’AfD lors du prochain mandat européen.
Nouvelle formation parlementaire :
  • Juillet 2024 : L’AfD forme un nouveau groupe parlementaire intitulé « L’Europe des Nations Souveraines » (ENS), regroupant plusieurs partis nationalistes et d’extrême droite européens.
  1. Refonte de l’extrême droite européenne

Parallèlement, et suite à la dissolution du groupe ID, le RN a formé un autre groupe, « Patriotes pour l’Europe », en juillet 2024, aux côtés d’autres partis nationalistes européens, tel que le Fidesz d’Orban.

Ces événements ont entraîné une recomposition notable des alliances au sein de l’extrême droite européenne au Parlement européen, qui compte à présent 3 groupes parlementaires rassemblant des partis d’extrême droite :

  • ECR (Conservateurs et réformistes européens) rassemblant des partis tels que le PiS polonais, Identité-Libertés de Marion Maréchal ou la N-VA ;
  • ESN (Europe des Nations souveraines) comptant l’AfD ou encore Reconquête! d’Eric Zemmour dans ses rangs ;
  • PFE (Patriots for Europe) unissant le RN, le Fidesz, le Vlaams Belang et Partij voor de Vrijheid de Geert Wilders (NL).
  1. l’Allemagne face à l’incertitude politique

Le verdict est sans appel : les électeurs ont lourdement sanctionné la coalition au pouvoir, la Ampelkoalition (la coalition “feu tricolore”) et plus particulièrement les sociaux-démocrates du SPD et les libéraux-démocrates du FDP.

Le SPD enregistre un recul historique de -9,3 %, un revers dont Olaf Scholz assume l’entière responsabilité. Le FDP, quant à lui, subit un effondrement encore plus brutal avec une perte de -7,1 %. Le parti n’est pas parvenu à atteindre le seuil des 5 % requis pour obtenir une représentation parlementaire, disparaissant ainsi de la représentation du Bundestag et poussant son président, Christian Lindner, à se retirer de la vie politique.

Graphique montrant les résultats des élections législatives en Allemagne, avec une baisse historique du SPD de -9,3 % et un effondrement du FDP de -7,1 %, qui n'atteint pas le seuil des 5 % pour entrer au Bundestag. Le texte mentionne également la démission de Christian Lindner, président du FDP, après cette défaite électorale.

Dans ce paysage politique bouleversé, la formation d’une coalition gouvernementale viable reste incertaine. L’avenir de l’Allemagne se joue désormais dans les tractations politiques à venir.

 

Rédaction : GT Europe, International et Migration

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  1. Sources

Articles du Monde :

Autres sources :

Auteur
Victoria CHOROMANSKI Kevin CHARLIER

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